Emilie à Da Nang

Ce que le voyage m’a apporté ostéopathiquement ?

Le voyage m’a enrichi dans le contact avec les patients, on essayait de se comprendre par des gestes avec les parents mais pour les enfants il fallait communiquer avec les yeux.

Il m’a permis de prendre confiance en moi notamment dans mes sensations avec les tuteurs qui nous aidaient à ressentir et qui nous guidaient au fur et à mesure. Ce voyage m’a donné confiance avec le retour positif des patients après seulement deux ou trois jours. Des enfants avec des vomissements quotidiens depuis plus d’un an reviennent 3 jours plus tard et vous annoncent que les vomissements ont diminués voire disparus.

Là-bas, c’est, avant tout, toucher des corps qui sont vierges de toute ostéopathie où les dysfonctions sont nettes et les douleurs sont anciennes. C’est une palpation différente, une palpation qui t’enrichie.

Ce que le voyage m’a apporté humainement ?

L’approche d’une culture différente, l’approche d’un peuple accueillant et bienveillant. C’est du partage avec l’équipe médicale de l’hôpital et avec les familles qui viennent sans connaître réellement ce que l’on fait.

Ce sont des échanges, des rires, des pleurs, des regards.

Je ressors de cette expérience nourrie, nourrie par les petits instants de vie vécus avec eux.

Ce que je retiens de ce voyage

Tout. Chaque moment était unique. Je retiens les rues grouillantes de motocyclettes, les petits restaurants sur le trottoirs avec du mobilier d’enfant, les jeunes jouants au « Daco » sur les places de la ville, la nourriture vietnamienne tous les jours à tous les repas, la bière à 8000 dong, les magnifiques paysages et temples que l’on a visités. Mais je retiens surtout les yeux des enfants que l’on a aidés, les sourires des parents et aussi leurs regards parfois inquiets, les moments difficiles face à l’impuissance de certaines pathologies.

Je retiens les instants de partage avec le personnel de réhabilitation de l’hôpital, leur accueil tous les jours, leur sourire et leur soif d’apprendre.

Ce que ça apporte à mes études.

Arrivée en cinquième année, on a plus confiance face au patient, à notre approche ostéopathique mais certains doutes persistent et la fin de l’année nous fait peur. Cette expérience humanitaire a pour moi confirmé l’idée que je me faisais de l’ostéopathie et a prouvé que c’était vraiment ça que je voulais faire dans ma vie : partager, aider. Ce voyage m’a permis d’avoir plus confiance en mes mains et surtout face aux enfants et bébés. Je me sens moins démunie face à un bébé qui vient pour une consultation, grâce à Solène et Hakim qui nous ont accompagné pendant les séances.

Ce qui m’a le plus marqué du voyage

Il y a eu des moments difficiles qui restent gravés notamment les enfants en insuffisance moteur cérébral (IMC) avec une hyper ou une hypotonie des muscles du corps. Un enfant atteint d’IMC de 3 ans en hypertonie qui n’avait plus la force de pleurer et qui avait des escarres sous le crâne venant d’une ethnie différente loin de l’hôpital m’a beaucoup marqué.

Il y a eu aussi des enfants avec des séquelles de méningite (cécité et hypotonie), des cas de plagiocéphalies qu’on ne verra jamais en France.

Le dernier jour, nous avons vu un bébé de quelques mois atteint d’une mégalo-encéphalie et hydrocéphalie, une grosse tête remplie de liquide où les os du crânes ne se touchaient pas.

Ces moments nous ont fait du mal car c’était un sentiment d’impuissance face à ces pathologies importantes.

Mais il y a eu des moments magiques bien sûr ; voir une naissance par césarienne fut l’un d’entre eux.

Mon plus beau souvenir

Difficile de choisir.

Le plus beau souvenir au sein de l’hôpital a été une petite fille avec un torticoli que j’ai traité. Elle était si petite et souriante. C’était magique de créer une bulle avec elle.

Le plus beau souvenir touristique au Vietnam fut la visite de Truc Lam Bach Ma. Un temple où l’accès se faisait par la traversée d’un lac. C’était si paisible et le décor était à couper le souffle. J’en ai pris plein les yeux, c’était hors du temps.